dimanche 18 mars 2018

Série Fernand Nathan le retour, épisode 1

Il y a presque quatre ans, je vous donnais à voir une petite série incroyable de cartes postales éditées par Fernand Nathan et nous montrant des icônes de l'architecture. La série nous donnait peu d'informations sur sa formation mais voici que je chine un lot complet contenant non seulement les mêmes cartes postales mais également d'autres constructions contemporaines et toute une foule de cartes postales représentant des peintures, sculptures ou autres œuvres d'art.
On en déduit donc qu'il s'agit d'une série ayant pour mission de vulgariser l'Art dans toute son étendue, jusqu'à l'architecture, contemporaine de l'édition même.
Je vous propose donc de voir les nouvelles arrivées en glissant de temps en temps une petite fève tombée là, l'air de rien.
Reste le mystère de la diffusion de cette série Fernand Nathan dont la manière éditoriale peu luxueuse et tirée sur un fond jaune ne donne pas forcément une image juste des œuvres. Quelque chose d'un peu pauvre, un peu rapide, comme si c'était diffusé à bas coup, largement. Une série promotionnelle ?
On commence fort :


Numérotée 464, cette carte postale nous montre donc le Bauhaus de Dessau. L'éditeur Nathan nous donne même le nom du photographe Arthur Koster à Berlin. Il nous signale également qu'il a obtenu l'autorisation de Gropius de reproduire ce cliché.
La carte appartient à la série XIII, elle a le numéro 8 !
On trouve facilement la trace de Arthur Köster sur l'internet, ayant travaillé par exemple avec Erich Mendelsohn. Nous avons déjà publié sur ce blog une carte postale de ce photographe. Il s'agit donc d'un spécialiste de l'architecture qui a regardé le Bauhaus d'un point de vue très marqué par sa culture de l'image et ce type de sujet. Le ciel est comme absent, le Bauhaus se couche entre cette absence et un sol indifférent de terre battue. Les volumétries très marquées semblent donc abstraites, comme surgies de rien et ne donnant à voir que des lignes, des aplats, quelques vibrations. Bien entendu, gardons-nous de trop vite, depuis cette édition assez pauvre, juger du cliché de Arthur Köster car, sans doute, que l'impression a dû écraser des détails, des demi-teintes, des subtilités. Mais j'avoue que, aussi dur, aussi radical sans presque de paysage ou de végétation, le Bauhaus est hardi, brutal et désirable. La présence du Bauhaus prouve aussi le succès de sa réception et de son rôle dans la Modernité. Il apparaît même dans une série aussi large comme une construction presque populaire, reconnue et acceptée.
Je crois que c'est inutile que je vous raconte l'histoire du Bauhaus...
J'avais envie de l'associer avec ça :






































Il s'agit de l'âge d'Airain d'Auguste Rodin conservé au Musée Rodin.  La carte postale possède le numéro de série XII et le numéro 8. Le cliché est de Lévy-Neurdein, appartenant à la grande lignée des photographes Neurdein.
Cette sculpture, l'une de mes favorites, offrant la langueur d'un corps nu masculin, vient bien redonner au Bauhaus une sensualité primale, un épiderme tremblant tout en associant cette même force, pour ne pas dire une certaine vigueur. Mais justement. Quelque chose me gêne. Quelque chose m'étonne qui n'a rien à faire là. La feuille de vigne venant mal camoufler le sexe. Sur l'original de Rodin, je puis vous affirmer qu'il n'y en a pas. Cache-sexe posé là pour cette photo et pour ce projet éditorial ou cache-sexe posé là pendant un temps plus pudique sur la sculpture au Musée Rodin ?
J'ai toujours pensé que sur la nudité totale, libre, poser ainsi un élément étranger en relevait bien davantage l'érotisme. C'est demander à l'œil de faire semblant de ne pas savoir. Et cela pose d'emblée la question du sexe en laissant l'imaginaire penser le moment de la pose...
C'est typiquement ce genre de morale, ce genre d'artifice à laquelle échappe l'architecture du Bauhaus. Enfin, si j'ose dire.










































Auguste Neyt, soldat Belge, posant pour Auguste Rodin :


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