samedi 26 avril 2014

Le Corbusier, Pierre Chareau, André Lurçat, Erich Mendelsohn chez Fernand

Bon.
Ça commence à bien faire.
Voici que je vais vous parler deux fois de Le Corbusier dans la même semaine mais je crois que ce que nous allons voir va bien confirmer la place de la carte postale comme enregistreur parfait de l'œuvre de l'architecte. Nous allons aussi, une fois encore, poser plus de questions que nous apporterons de réponses, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Regardons cette carte postale si incroyable :



Séparée en deux registres égaux, cette carte postale des éditions Fernand Nathan nous donne à voir dans un noir et blanc qui serait bien plus un sépia et noir deux constructions. En haut, il s'agit du groupe scolaire, école de filles de Villejuif d'André Lurçat architecte.
En bas, la carte postale nous donne à voir (et je reprends à l'exact les termes) Le salon d'une villa ouvert sur un jardin suspendu par le Corbusier (Charles-Édouard) et Jeanneret (Pierre).
Oui, il s'agit bien de la Villa Savoye dont on peut ainsi admirer l'intérieur.





Pourquoi le nom des propriétaires n'est-il pas donné ? Cette dénomination est sans doute beaucoup plus récente dans l'histoire de le Corbusier, le bâtiment n'avait peut-être pas si tôt pris le nom de ses commanditaires pour être reconnu. Car, il ne fait aucun doute, vu la qualité éditoriale que cette carte postale est contemporaine des deux constructions représentées. Pourquoi un éditeur comme Fernand Nathan a-t-il édité ainsi des cartes postales de constructions contemporaines ? À quelle occasion cela fut décidé ? Rappelez-vous, nous avons déjà vu une carte postale aussi exceptionnelle ici venant du même éditeur et parlant du même Le Corbusier... La carte postale de ce jour fait bien partie de cette série, ici c'est le numéro S. XIII. - N°4, donc il y a au moins quatre cartes postales dans cette série...
La photographie de l'intérieur de la Villa Savoye est signée par Marius Gravot qui est le photographe qui travailla avec Le Corbusier et qui fit le cliché de la carte postale du Plan Voisin. La photographie de l'école de Lurçat est signée, elle, de A. Salaun.
Voici donc les deux architectes réunis par deux bâtiments très différents ! On voit que l'éditeur Fernand Nathan fait cela avec l'autorisation des architectes puisque la mention Courtesy of MM Le Corbusier et Lurçat est imprimée. Cette carte postale n'est malheureusement pas écrite donc ni envoyée ni... datée !
Mais pour ce qui est de la représentation de la Villa Savoye c'est une chose bien incroyable de la voir ainsi dans ses aménagements encore privés, représentée et diffusée ! N'oublions pas que des cartes postales de maisons ou de villas privées sont extrêmement rares ! Ici, il s'agit bien d'évoquer la modernité de l'architecture, de montrer dans deux exemples différents les enjeux de son temps. Vous en voulez une nouvelle preuve ?



Alors...
Toujours dans la même série, toujours chez Fernand Nathan éditeur, ce que nous voyons là est l'intérieur d'un industriel à Paris par... Pierre Chareau !
Cet intérieur reste mystérieux. Je ne reconnais pas la Maison de Verre qui fut d'ailleurs construite pour un médecin et non pour un industriel. Par contre on reconnaît bien le type des aménagements et même certaines pièces de mobilier comme le tabouret et la table au premier plan.



On devine tout un système de fermetures en accordéon glissant sur un rail venant ouvrir et fermer les espaces. Mais où sommes-nous dans Paris ?
Cette carte postale porte le numéro S.XIV N°3.



Continuons avec cette autre carte postale de l'éditeur Fernand Nathan.
Magnifique non ?
Nous ne sommes plus en France mais en Allemagne devant les magasins Schocken à Chemitz. L'architecte de cette merveille n'est rien moins que Erich Mendelsohn ! La carte postale est numérotée S.XIII N°7 ! On notera une faute d'orthographe sur le nom de l'architecte qui est affublé d'un double S. Le très beau cliché fait la part belle à l'écran tournant de sa façade prise depuis le sol et d'une abstraction totale.
Devant cette image sans nom de photographe, on peut commencer à tirer des conclusions sur cette série éditée par Nathan :
le Corbusier y est représenté au milieu d'autres architectes, les architectes sont français ou étrangers, les constructions représentées sont diverses (école, villa, magasins...), la qualité éditoriale et la précision des titres sont les signes d'une volonté de médiatiser cette architecture, la série semble s'attacher autant à l'image extérieure des constructions qu'à leurs aménagements intérieurs, aucune date n'est donnée mais on doit être entre 1925 et 1935. Trop tard, je pense pour l'exposition des Arts Décoratifs de 1925, trop tôt pour l'exposition internationale de 1937 ?
Fernand Nathan étant un éditeur de matériel pédagogique, on peut penser à une série voulant diffuser l'architecture contemporaine. Pourquoi cela passe-t-il par la forme de cartes postales ? Étaient-elles réunies en un porte-folio ? Diffusées lors d'une manifestation autour de cette question ? Étrange également que sur les quatre cartes que je possède aucune ne soit écrite... ni envoyée.
Il faudra poursuivre les recherches.

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