samedi 15 février 2014

Filtre à flux, Flughafen

Voir pour la première fois l'architecture d'un aéroport depuis le ciel est finalement assez normal !
L'avion ralentit, se penche et vibre. Si la place le permet, on jette un regard par le hublot et on juge immédiatement le pays où l'on atterrit au choix de l'architecture de son aéroport. Je me souviens aussi de ma joie de retrouver l'architecture de Paul Andreu à Roissy comme un retour à la maison et de sentir cette architecture comme si française.
Et là ?



Nous sommes en Allemagne au-dessus de l'aéroport de Köln/Bonn (Cologne/Bonn) grâce à une carte postale de Ewald J. Wagenhut. Affichant son programme par son dessin, on sait que cette clarté est souvent l'objet même de ce type de construction. Il faut que plusieurs modes de déplacement se rencontrent. Avions et automobiles doivent s'embrasser et déverser chacun à leur tour leurs passagers en passant par le filtre des contrôles et des tris divers. Un aéroport est bien un filtre à flux. Et celui-ci est spectaculaire car clair. Une route fait une boucle. On y circule, on s'y arrête, on traverse le mur à gradins, on glisse dans une étoile et on prend son avion. Magnifique objet.
On doit aussi s'y perdre un peu, oublier ses bagages, tomber amoureux, y avoir des "au revoir" déchirants, changer de vie. Mais le beau béton de Monsieur Schneider-Esleben est sans doute relativement indifférent à tout cela, au mieux, dans une attention de grand architecte, il met tout en place pour une lisibilité des objets et des espaces. C'est déjà bien.



Et sur cette autre carte postale du même éditeur et de Hochtief photographe, on voit une Renault 4 à pleine vitesse allant à la rencontre de l'architecture. Le bassin central reçoit dans un grand ordre géométrique les eaux de pluie. On devine aussi qu'il y a finalement peu de place pour le piéton dans cet espace ! Mais au fond de l'image, le conducteur de la voiture et son passager auront sans doute, derrière le pare-brise, la dernière vision de l'Allemagne offerte avant le grand départ. On pense au passeport bien rangé, on pense à ceux qui restent là, on pense au soleil qu'on trouvera après le vol, on pense à la langue qu'il faudra apprendre pour faire les études dont les parents sont si fiers, on pense au contrat qu'il ne faut pas perdre. Quel décor offrir à tous ces moments si différents, à tous ces usages si particuliers ?
Celui-ci ?



Sous un beau béton clair et parfaitement bien dessiné au banchage presque chic, on pourrait bien ici attendre son vol ou les parents qui viennent vous chercher.
Et la lumière hésitant entre nature et néons, vous entourera chaleureusement. On vous offrira des services, on essayera de vous prendre encore un peu de devises en vous proposant un parfum ou un sac à main chic. Mais dans les narines, vous aurez cette drôle d'odeur d'un terreau humidifié par intermittence, celui des jardinières derrière vous, dans lesquelles des plantes exotiques qui ont pris un jour comme vous l'avion, viennent maintenant, au lieu de grandir au Brésil ou en Thaïlande, essayer ici de rendre votre attente plus douce et sereine.
C'est notre Monde. Tout ce monde prend l'avion.

Dans un numéro de 1971, consacré aux aéroports, la revue l'Architecture d'Aujourd'hui nous donne toutes les informations nécessaires et de belles photographies :









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