samedi 7 septembre 2013

La quick bouffe, la fast architecture

On a aimé ici s'arrêter sur les aires de repos des autoroutes, on a aimé en Italie, en France trouver parfois que les architectures du passage rapide sont parfois bien belles, judicieuses et drôles.
Alors mettons notre clignotant à droite, embrayons une vitesse inférieure, appuyons sur le frein tout en tournant le volant pour faire une pause :



Le Café Route est ouvert. Je gare ma Renault 10 équipée d'un moteur 1300 et j'admire déjà la couleur Pop de l'établissement, bleu, rouge en alternance sur cet énorme toit en pagode qui lui donne aussi l'allure d'un chapiteau de cirque.
Dessous, comme une galerie des glaces, un restaurant tout de verre est placé. J'y entre pour commander ce que je sais être au mieux du sucre et du gras qu'un café amer viendra faire oublier. La construction veut bien s'affirmer dans le paysage, faire signe, être visible de loin et devenir une sorte de borne par tous reconnaissable : une marque. On dit aujourd'hui une franchise.
À l'intérieur c'est Jocelyne qui m'accueille. Je le sais car elle a signé sa carte postale envoyée à son oncle et à sa tante depuis Blois. Elle est souriante, me sert simplement, joue son rôle social au mieux sans plus. Elle est à l'image de cette architecture : efficace et couverte d'une blouse colorée qui dit sa fonction.
Si on est nostalgique on dira que l'architecture du Café Route est joyeuse et Pop, elle est Vintage. Si on est sérieux, on la trouvera un rien prétentieuse, offrant des atours un peu trop bariolés pour être honnêtes. Que voulez-vous...On ne peut pas être une enseigne et une architecture en même temps...
Mais je l'aime d'une tendresse un rien enfantine, perdue et amicale.
Car c'est une architecture simple (j'entends naïve) cherchant à faire venir ici le passant, le transformant en stoppeur. Rien à sauver que cette petite indifférence à la fête, comme lorsque la foire laisse derrière elle un emballage de surprise, une pomme d'amour à peine dégustée, un ours en peluche trop rose pour entrer dans la maison.
Mais voici que cela se double :



Deux cartes postales.
Deux lieux ?
un seul Café Route ?
Jocelyne nous donne la réponse dans sa correspondance en disant : "... qu'il y en a un comme ça de chaque côté de la route..."
Mais qui me dira l'utilité de ce beau tas de bûches bien rangées sur chacune des images et pourtant pas achevé sur l'une des cartes postales ?
Jocelyne est partie hier. Elle a laissé sur le bar sa blouse et en partant, elle a regardé le gérant droit dans les yeux, lui souriant tout en chipant une barre Mars pour rejoindre heureuse un motard sur le parking qui lui tendait déjà un casque. On ne revit pas Jocelyne au Café Route. Ni à l'un, ni à l'autre.
Elle vit heureuse à Portbou, sert les français pendant la saison d'avril à octobre et part le reste de l'année vivre sa vie, à pleine vitesse sur les routes de l'Espagne avec son motard.
Je vous envie Jocelyne.



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