jeudi 12 septembre 2013

La jalousie de Gabriel Orozco

On va s'amuser un peu.
Dans ma collection, sont assez rares finalement les cartes postales créatives et plastiques, inventions d'images ou jeu avec le client.
Non.
Une carte postale c'est sérieux en quelque sorte, ou, au moins, cela tient une forme de fidélité à son sujet.
Cela, comme disent les grands amateurs de peinture, doit représenter quelque chose...
Eh bien... Pas toujours !
Deux exemples de glissement, de liberté prise sur l'objet photographié :



D'abord cette étonnante carte postale d'Albert Monier qui est un photographe bien connu des collectionneurs et que nous aimons ici surtout pour ses nombreuses cartes postales de la Tour Montparnasse qui savent lui rendre l'hommage qu'elle mérite. On peut d'ailleurs voir à Perpignan en ce moment une petite série des images d'Albert Monier.
Mais ici, le photographe se laisse aller à un petit jeu avec nous, nous offre une sorte d'image abstraite, pliée, de la Tour Montparnasse vue de nuit. Difficile de dire s'il s'agit d'un collage a posteriori de la photographie ou la capture d'un moment, d'un reflet sur le motif même. Vu l'œuvre d'Albert Monier je pencherais pour une capture mais je reste prudent. On notera qu'au dos de la carte postale, Monsieur Monier fait comme si de rien n'était et nous propose toutes une série d'informations techniques sur la Tour Montparnasse : hauteur 210 m, 262 m au-dessus de la mer, fondations 70 m en sous-sol, poids 120 000 tonnes, surface vitrée 39 000 m2, 56 étages, 7 ascenseurs atteignant le sommet en 40 secondes, architectes : Urbain Cassan, Eugène Beaudouin, Louis de Marien, Jean Saubot.
Il semble qu'aujourd'hui, enfin, un nouveau regard se porte sur cet objet architectural que je tiens pour l'un des plus beaux, des plus francs, des plus indispensables au ciel de Paris.
Un autre ?
Oui !



Cette fois les éditions Chantal nous proposent une création du photographe A. Choisnet faite sur le dos de notre Centre Pompidou !
Cela se veut sans doute moderne et osé, mettant en jeu avec beaucoup d'esprit la façade du centre. C'est parfaitement réussi et amusant ! On s'étonnera de la courbe de l'ensemble qui ajoute à l'abstraction naturelle du Centre Pompidou.
Les questions restent les mêmes que pour la carte postale d'Albert Monier. La photographie est-elle directement l'image ? Monsieur Choisnet a-t-il fait le collage après ? Est-ce une image moqueuse ou au contraire, jouant d'une créativité débordante sous influence du nouveau musée d'art contemporain ?
Regardez comme remise à la verticale cela est encore plus troublant !
Au verso, là aussi, les architectes Piano et Rogers sont bien nommés.
Restons sérieux tout de même !
Mais cela fait glisser mon esprit vers un autre objet bien plus imposant.





On peut facilement reconstituer l'histoire de cette étonnante sculpture : Gabriel Orozco fait une visite du Centre Pompidou et décide d'envoyer une carte postale à sa petite amie. Dans la boutique du Centre, il trouve la carte postale de Monsieur Choisnet et l'achète. Après l'avoir expédiée, de retour à son domicile, il croise sur la route Marc Hamandjian au volant de sa DS Citroën. L'artiste Orozco jaloux de la belle auto de l'artiste Hamandjian décide dans la nuit de se venger en copiant le collage de la carte postale maintenant aimantée sur le frigo et découpe la DS de Marc.
Enfin... je ne suis pas certain de cette version mais en attendant d'en avoir une autre, j'aime bien cette histoire.
Et merci Claude pour le beau cadeau.

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